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Blog littéraire


Les Bonnes de Jean Genet

Publié par Tess sur 30 Décembre 2017, 12:27pm

Catégories : #Scolarité

Les Bonnes de Jean Genet

Les Bonnes sont une pièce de théâtre de Jean Genet publiée et mise en scène pour la
première fois par Louis Jouvet au théâtre de l'Athénée à Paris en 1947 appartenant au théâtre de l'absurde. L'ouvrage est composé d'un seul acte qu'on pourrait divisé en trois parties : la première sans Madame, la deuxième avec celle-ci et la troisième partie sans elle à nouveau. Il s'agit de l'histoire de deux sœurs, Claire et Solange, deux bonnes au service de Madame que la folie et les problèmes identitaires conduisent au crime.
Nous présenterons sur cette fiche une biographie de l'auteur, suivie d'un résumé puis d'une
présentation des personnages principaux ainsi que des thèmes qui y sont abordés. Enfin, nous verrons l'intérêt du livre et les liens que nous pouvons établir avec d'autres œuvres de la littérature.

. L'auteur
Jean Genet (1910-1986) est un écrivain français de théâtre, poésie et roman, souvent dramatiques. Né d'un père inconnu et abandonné par sa mère, il grandit chez un couple d'artisans. Il se montre brillant élève mais commet ses premiers vols. À la mort de sa mère
nourricière en 1922, il est placé en apprentissage d'où il fugue à plusieurs reprises. Il est alors arrêté et placé dans la colonie pénitentiaire de Mettray, près de Tours. Il s'engage en 1929 dans la légion étrangère et déserte en 1936 avant de commencer à parcourir l'Europe en se prostituant. Il revient à Paris en 1938, où il est incarcéré à la suite de vols. Il commence à écrire en prison en 1942 : Notre-Dame-des-Fleurs publié en 1943, Haute surveillance publié en 1949 et le poème Le Condamné à mort paru en 1966 qui raconte son amour pour le jeune assassin Maurice Pilorgue, exécuté en 1939. Il mélange les genres, créer des personnages ambivalents et se passionne pour le dédoublement. Il refuse la fixité (genre, esthétique ...) et rejette les règles de bienséance. Son œuvre pouvant être associé au style baroque
pourrait être un reflet de sa personnalité tourmentée : « Comment expliquerons-nous que Divine ait maintenant la trentaine et plus ? Car il faut bien qu'elle ait mon âge, pour que je calme enfin mon besoin de parler de moi, simplement, comme j'ai besoin de me plaindre et d'essayer qu'un lecteur m'aime ! » (extrait de Notre-Dame-des-Fleurs). Il rencontre ensuite Jean Cocteau en 1943 puis Jean-Paul Sartre en 1944 qui admire son travail et le soutienne (Sartre publie en 1952 : Saint Genet, comédien et martyr). En 1947, la première représentation des Bonnes suscite un malaise voire du déplaisir (travestissement, meurtre...). On associe la pièce à l'affaire des sœurs Papin, deux domestiques qui avaient tués leur patronne et sa fille en 1933. De plus, la représentation précède un pièce de Jean Giraudoux, ovationnée pour son élégance, qui aurait desservi les Bonnes. Plus tard, il commence à fréquenter le milieu littéraire parisien et, précédé de sa réputation faite de scandales,
connaît le succès : Les Nègres (1959), Les Paravents (1961). En 1964, son compagnon Abdallah Bentaga, dont est inspiré Funambule (1958), se suicide. Il s'engage de plus en plus en politique, notamment dans la défense de l'homosexualité et la critique des prisons et de la domination occidentale sur les colonies. Il reçoit en 1983 le Grand Prix national des Lettres tandis que les Bonnes entrent au répertoire de l'Académie française en 1985. Il meurt accidentellement dans une chambre d'hôtel et est enterré au Maroc. En 1986 a lieu la publication posthume du Captif amoureux, retraçant ses séjours dans les camps palestiniens de Jordanie et du Liban.

Baroque : qui surprend par son caractère inattendu, bizarre, ou par son comportement original, excentrique.


Théâtre de l'absurde : Le théâtre de l'absurde est un terme formulé pour la première fois par l'écrivain et critique Martin Esslin pour désigner une direction théâtrale importante du XXe siècle. Ce type de théâtre montre une existence dénuée de signification et met en scène la déraison du monde dans laquelle l'humanité se perd et où les personnages sont réduits à des archétypes, égarés dans un monde anonyme et incompréhensible. http://letheatredeabsurde.blogspot.com/

 

L'œuvre
L'œuvre est en trois parties :


I – Solange et Claire
Solange et Claire sont deux bonnes malheureuses au service de Madame. En son absence, elle réalise un jeu de rôle où Claire se fait passer pour elle. Elles investissent les appartements de Madame et se servent de ses accessoires pour se moquer d'elle et mettre en scène sa mort. Puis, on apprend que Claire a envoyé des lettres à la police pour faire arrêter l'amant de Madame et que Solange a essayé de tuer celle-ci dans son sommeil mais n'a pas pu par manque de courage. Elles parlent alors de meurtre, l'une envers l'autre, se disputant à propos d'un certain laitier, puis de la possibilité d'assassiner plus sérieusement Madame notamment en l'empoisonnant. Puis, Monsieur téléphone, il est en liberté provisoire et programme un dîner avec Madame. Les bonnes entendent ensuite celle-ci arriver.


II – Madame
Madame revient de la prison, triste et prête à accompagner son amant jusqu'au bagne si nécessaire. Solange et Claire essaie de lui faire boire un tilleul empoisonné alors qu'elle offre certaines de ses robes à Claire et Solange. Madame se félicite d'avoir des domestiques efficaces, qu'elle considère comme des membres de sa famille. Puis, elle remarque que le téléphone a été déplacé et les deux sœurs sont obligées de lui dire que Monsieur l'attend. Madame, follement enjouée se précipite pour le voir sans boire le tilleul.

 

III – Solange et Claire
Claire se plaint de la bonté de Madame, de sa beauté et de son opulence. Puis, les deux sœurs se disputent, s'accusant mutuellement de l'échec du meurtre de Madame. Elles commencent à paniquer et à parler de fuite mais Claire ne veut pas si résoudre. Solange commence alors à vouvoyer Claire, lui parlant comme à Madame et Claire reprenant le rôle de Madame voit en Solange la double personnalité Claire/Solange. Puis les personnalités se confondent, Claire est à la fois Claire et Madame et Solange joue Claire et Solange. Dans cette confusion, Claire insiste pour boire le tilleul et meurt.

Les personnages principaux :
Solange est la sœur aînée, plus réservée, elle incarne la raison. Mais elle ressent néanmoins des pulsions meurtrières envers sa mère et Madame mais n'a pas toutefois le courage de passer à l'acte. Dans le rôle de Claire, elle trouve la possibilité de prendre sa revanche contre Madame.

Claire est plus jeune et plus passionnée. Elle joue le rôle de Madame. Ainsi, elle cherche à dominer moralement celle-ci et sa sœur. C'est elle qui a le courage d'écrire et d'envoyer les lettres de dénonciation ainsi que d'empoisonner le tilleul. Mais paniquée par l'idée de fuir et épuisée par leur condition, elle décide de jouer le rôle jusqu'au bout et insiste pour boire le tilleul empoisonné.

Les thèmes :
Il y a un mélange de genres. On trouve une parodie de la tragédie. En effet, la tragédie met
en scène des personnages nobles touchés par la Fatalité et tiraillés par des sentiments
contradictoires. Ici, les personnages sont au contraire des bonnes (normalement associés à la
comédie) mais qui se font passer pour un personnage de haut-rang. De plus, la Fatalité est ici
provoquée non par une puissance divine mais inconsciemment par les bonnes elles-même : elles provoquent le départ de Madame en révélant la libération de Monsieur. « Toutes les ruses étaient inutiles. Nous sommes maudites. », « Tu sais bien que les objets nous abandonnent. »
La pièce fait état de la crise identitaire de trois femmes. Tout d'abord les bonnes, qui par le
biais du jeu de rôle échappent à leur condition de domestique. Mais elles jouent aussi en présence de Madame : des servantes aimables et respectueuses. De même, Madame apparaît en tant que veuve de son amant, de mère de ses domestiques, mais aussi d'une bourgeoise hautaine quand elle apprend la libération de Monsieur (vérifie la poussière, demande le livre des comptes, reprend ses fourrures, presse Solange pour le taxi). Ainsi, on constate un malaise existentiel chez ces trois femmes qui se confondent et qui n'ont pas d'identité propre. « Qu'est-ce que tu as ? Tu peux te ressembler, maintenant. Reprends ton visage. Allons, Claire, redeviens ma sœur... ».
Il y a aussi dans cette pièce critique de la bourgeoisie du XXe. En effet, Madame possède
tout, ce qui provoque d'une part la fascination des bonnes mais aussi leur mépris. Elles imitent ainsi au début de la pièce une bourgeoise fière, humiliante et condescendante même lorsqu'elle fait preuve de gentillesse envers les domestiques (elle reste en position de supériorité) : « Madame nous tue avec sa douceur ! Avec sa bonté, Madame nous empoisonne. Car Madame est bonne ! Madame est belle ! Madame est douce ! ».
Enfin, on a un jeu de mot intéressant entre les deux sens du mot « bonne », qui d'une part
désigne la gentillesse et qui d'autre part désigne la condition de domestique des deux sœurs. Il y a une rivalité entre les deux sens du terme qui oppose les deux conditions sociales : « C'est facile d'être bonne, et souriante, et douce. Quand on est belle et riche ! Mais être bonne quand on est bonne ! On se contente de parader pendant qu'on fait le ménage ou la vaisselle ! ».

L'intérêt de l'œuvre :
La singularité de l'œuvre et le malaise qu'elle créer dès le début illustre la folie et l'état
d'esprit tourmenté des deux sœurs. Le spectateur partage les sentiments de pitié et de terreur des personnages ainsi que leurs souffrances qui provoquent la compassion au contraire de quoi, la monstruosité de leurs actes éloignent le spectateur. Cela a un effet cathartique.
De plus, la pièce est violente et tragique sans vraiment le paraître à cause de la décadence
qui règne aussi bien au niveau de l'histoire que de la structure du texte. Le choix de la parodie créer un effet comique.
Ainsi, cette œuvre qui mélange les genres et les registres est une œuvre originale et
déconcertante qui contribue à faire de Jean Genet un auteur à part entière.

 

Les Bonnes sont une pièce de théâtre de Jean Genet paru en 1947. L'œuvre est à la fois drôle et dramatique, ayant un effet cathartique sur le spectateur qui est surpris voire mal à l'aise devant ce spectacle singulier. Par ailleurs, elle présente des anti-héros, perdus dans un univers qui leur est hostile à l'image de En attendant Godot de Samuel Beckett, publié en 1952 où deux actes racontent comment deux vagabonds, Vladimir et Estragon, attendent Godot qui ne viendra jamais.

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A
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et un blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers (lien sur pseudo) A bientôt.
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A
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O
L’article est genial et m’a beaucoup aide pour Mon travail, merci
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