Environ deux ans après son mariage avec Berthe qu'il aimait toujours passionnément, Yves reçut la visite de son ancienne maîtresse. Il fut tout étonné en la voyant. Elle avait tellement changé.
La beauté exotique qu'elle avait été ; ses yeux noisettes, ses mains si douces, ses doigts si fins, son ventre si petit, ses jambes si longues et gracieuses avaient disparu pour laisser place à une ruine que le temps s'était chargé de démolir. Même son visage qui reflétait le bonheur, ses yeux qui luisaient étaient éteints. Son visage était blanc comme un linge. Son regard était vide. Il paraissait à Yves que plus personne n'habitait ce corps. Que s'était - il passé ?
L'ancienne maîtresse raconta la misère dans laquelle elle avait vécue ses deux dernières années, la souffrance de ne plus avoir son amant à ses côtés, le mal que lui causaient les ragots des villageois.
- Quelle est l'origine de tant de souffrance ? demanda Yves.
- Te souviens - tu de la nuit que nous avons passée en hiver avant ton mariage ?
- Bien sûr et je ne me pardonne toujours pas d'avoir infligé une telle offense à mon épouse.
- Sache que mes intentions ne sont pas de te nuire, mais ta richesse comparée à ma pauvreté me déplaît. Je n'en peut plus !
- Que veux - tu me dire ?
- Yves, tu as un fils d'un an et demi.